Foot National – Alain Pochat : « Cela aurait été un peu fou de refuser ce challenge »

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Alain Pochat, ce jeudi midi à Péronnas. - Photo : C. D.

Par La Voix de l'Ain

Nommé officiellement mercredi 24 février au poste d’entraîneur du FBBP 01, Alain Pochat, qui s’est engagé jusqu’à la fin de la saison avec le club burgien, a livré ses premiers mots aujourd’hui.

Vous avez été remercié de Villefranche il y a un mois, et vous voilà déjà à Bourg-en-Bresse, qui vient aussi de remercier Karim Mokeddem.

Ce n’était ni prévu, ni anticipé. Je pensais vraiment finir la saison avec mon groupe, parce que je l’avais construit à l’intersaison, j’avais choisi des joueurs, je m’étais investi pour avoir un recrutement cohérent, en lien avec ce que je voulais faire avec cette équipe. Il y a eu des aléas qui ont fait que je n’ai pas pu terminer avec ce groupe. J’ai une pensée pour Karim. On s’est affrontés plusieurs fois. J’ai beaucoup de respect pour l’entraîneur et pour l’homme. Il a fait du bon boulot à la « Duche » (Lyon La Duchère) et ici. Je sais que ce qu’il vit, je ne l’ai pas très bien vécu il y a trois semaines. On m’a proposé de venir à Bourg pour relever le défi du maintien. Le challenge est très intéressant car je connais le club, les joueurs, les infrastructures, les conditions d’entraînement… Cela aurait été un peu fou de refuser ce challenge.

 

Quel regard portez-vous sur votre nouveau groupe ?

Il faut lui faire confiance, parce qu’il a de la qualité. Il y a beaucoup de joueurs que j’avais voulu faire venir à Villefranche, d’autres que j’ai eus à Villefranche. Ce groupe mérite d’être en National, et il a été programmé pour jouer les premiers rôles. Il reste 13 matchs, beaucoup de points à prendre. Il faudra se bagarrer pour relever ce défi du maintien.

 

Quels sont vos plans ?

On a quelques petits bobos, deux suspendus, donc on n’a pas toutes nos armes. Moi, je reste dans la continuité. Je ne vais pas inventer des choses, ni être le magicien qui va tout révolutionner. Il y a matière à construire un groupe qui correspond à ce que je veux mettre en place, et qui n’est pas éloigné de ce que faisait Karim. Après, c’est une question d’alchimie, de confiance, de stabilité. Je considère qu’il faut donner de la confiance aux joueurs par rapport à un système et s’y tenir. Je m’appuie aussi sur le staff qui connaît bien les joueurs. On est dans une course contre le temps, à la chasse aux points, donc il faut être performant tout de suite.

 

Vous êtes adepte du 3-5-2, réputé pour être un coach joueur. Les infrastructures vous permettront-elles de faire ce travail lié à votre conception du foot ?

A Bourg, il y a de vrais joueurs de foot, qui aiment jouer au sol. Evidemment que le terrain nous permet de proposer cela. J’ai eu la chance de voir évoluer Bourg depuis le début de la saison, puisqu’ils jouaient toujours notre adversaire suivant.

 

Qu’avez-vous dit à vos joueurs, après votre arrivée ?

On a fait une présentation au club house, avec des idées toutes simples mais fortes sur ma conception du plan défensif hier (mercredi), et offensif aujourd’hui (jeudi). Je leur ai exposé des animations, ce que j’attendais d’eux, avec des images à l’appui. J’ai pris des exemples du très haut niveau, de l’Atalanta Bergame (Italie) et du RC Lens, comme j’ai eu la chance d’aller là-bas faire un stage dans le cadre de mon BEPF pendant une semaine. Franck Haise (l’entraîneur de Lens) a mis en place des choses cohérentes, entre son projet de jeu, de choix de joueurs. Lens est 5e de Ligue 1, alors que le club est promu. Il faut se servir de cela, transmettre aux joueurs pour qu’ils s’approprient ce qu’on leur demande, et rester dans la continuité. Si vous changez constamment, à un moment donné, vous allez vous perdre.

 

On va voir un pressing de tous les instants ?

J’aime presser haut, faire en sorte que l’adversaire ne puisse pas sortir. Le fait de récupérer le ballon haut permet de faire moins d’efforts. Je préfère qu’un attaquant fasse 10 mètres très haut pour défendre, plutôt que 80 mètres dans un sens, et 80 mètres dans l’autre pour remettre le ballon dans la surface.

 

Vous êtes réputé pour ne pas mettre de gardien remplaçant. Allez-vous réitérer cela à Bourg ?

(Il sourit) Je l’ai fait pendant près de quatre ans à Villefranche. C’est une prise de risque, j’en suis pleinement conscient. Mais en quatre ans, je n’ai jamais eu à changer un gardien en cours de match. A un moment donné, on se dit : « Ne serait-ce pas mieux d’avoir un joueur de champ remplaçant pour pouvoir s’adapter à la physionomie du match ? » Peut-être que vu notre situation actuelle, je ne prendrais pas ce risque-là.

 

Vous passez actuellement votre BEPF (diplôme d’entraîneur professionnel). Des séances sont-elles prévues pour vous ? Comment allez-vous gérer cela ?

J’en ai parlé avec ma direction, qui était au courant de ma situation. Il me reste trois sessions de trois jours (deux à Clairefontaine, une à Rodez) pour finir ma formation. Comme je l’ai fait à Villefranche, je m’appuierai sur mes adjoints. Cela s’est très bien passé à Villefranche, je n’ai pas de doute que ce soit la même chose ici.

 

Vous coacherez votre premier match à Verchère samedi. Est-ce un avantage de commencer à domicile ?

Quand on veut essayer de proposer des choses dans le jeu, c’est mieux de démarrer à Verchère, car c’est l’un des meilleurs terrains du National. Cela aurait été un avantage supplémentaire si l’on avait eu l’appui du public. Jusqu’à la fin de la saison, on ne réfléchira qu’en termes comptables. L’idée est de prendre des points, à domicile comme à l’extérieur.

 

Serez-vous sur le banc ?

Non (il a pris un carton rouge à la mi-temps du match entre Villefranche et Annecy, après avoir jeté une coupelle au préparateur physique d’Annecy, NDLR).

 

Combien de matchs êtes-vous suspendu ?

J’ai fait appel, donc j’attends la décision de la commission de discipline. J’ai purgé trois matchs, il m’en reste cinq. Je n’ai insulté personne. Mais j’ai eu un mauvais réflexe. J’en assume les conséquences.

 

Dans votre situation, n’est-ce pas un handicap supplémentaire ?

Non. Avec le huis clos, on entend tout. On se rassure nous-mêmes d’être sur le banc, pour influencer dans le jeu. Mais au final, je ne suis pas sûr que l’on ait tant de pouvoir que cela. Au rugby, les entraîneurs sont dans les tribunes, et ils ont une autre vision. Parfois en foot, on met des adjoints en tribune. Si c’est moi qui ai cette perspective, je m’en servirai à la mi-temps pour faire des ajustements. Puis j’ai aussi mon staff. Sans se connaître, on se rejoint sur des principes et l’animation.

 

Pensez-vous déjà au match contre votre ancien club, le 12 mars ?

Ah, vous y êtes déjà !

 

Le nouvel entraîneur de Villefranche est un certain Hervé Della Maggiore.

Chaque chose en son temps. Avant de penser à ce match-là, j’ai beaucoup de choses à régler. Le point positif, c’est que je vais gagner du temps sur la connaissance de l’adversaire. Je n’aurais pas besoin de faire de vidéo.

 

Propos recueillis par Cyprien Dumas

 

 

CV express

Alain Pochat, 53 ans, est marié et papa de deux enfants. Issu du monde amateur et ancien étudiant en sports (STAPS) à Bordeaux où il était également joueur, il est ensuite devenu éducateur auprès des jeunes. « Je me suis formé sur le tas, précise-t-il, en passant par toutes les catégories de jeunes jusqu’aux 17 ans nationaux, puis la réserve de l’Aviron bayonnais. Après, j’ai été adjoint de Christian Saramagna à l’Aviron, avant d’avoir les rênes de l’équipe. Je suis resté 13 ans là-bas. » Au terme d’une coupure d’un an « pour recharger les batteries », le nouvel entraîneur des Bleus est revenu à sa fonction d’éducateur sportif à la mairie de Bayonne. Avec sa famille, il est ensuite parti une année au Maroc, puis a entraîné pendant trois saisons à Boulogne-sur-Mer, et enfin trois saisons et demi Villefranche Beaujolais, où il a été démis de ses fonctions fin janvier.

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